En lançant en avril 2025 une étude inédite sur les matériaux biosourcés et géosourcés dans les Outre-mer, le ministère de la Transition écologique pose les bases d’une nouvelle trajectoire pour la construction durable ultramarine.
Confiée au Cerema, cette initiative pourrait à terme reconfigurer le cadre réglementaire et économique du bâtiment dans des territoires à fort potentiel.
Chez STAR INVEST, nous saluons cette démarche stratégique, qui allie pragmatisme, ancrage local et vision long terme. Elle ouvre de réelles perspectives pour les acteurs de la construction, de l’aménagement et de la filière bois-éco-matériaux.
Une étude ciblée, pour une réalité longtemps ignorée
Alors que l’usage des matériaux biosourcés progresse en métropole sous l’impulsion de la RE2020, les territoires ultramarins sont restés à la marge de cette dynamique. Non par manque d’intérêt ou de ressources, mais par défaut de cadre normatif, de données économiques et de reconnaissance technique.
Cette étude – qui concerne la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte – vise à combler ce vide. Elle ambitionne de :
- Cartographier les filières existantes (bois, terre, fibres végétales, déchets agricoles, etc.)
- Identifier les freins et les leviers à l’usage des matériaux locaux
- Évaluer les coûts de construction, transformation et maintenance
- Nourrir la réglementation pour une prise en compte effective des spécificités ultramarines
Ce que l’on sait déjà : un fort potentiel, mais des verrous persistants
Les premiers retours de terrain sont clairs : les ressources existent, mais les chaînes de valeur sont encore trop fragiles.
- Projets innovants mais isolés, comme la cité Copaia en Guyane ou la médiathèque du Sud Sauvage à La Réunion, prouvent la faisabilité.
- Le manque de normes techniques adaptées (DTU, Atex, etc.) empêche leur massification.
- La faible acceptabilité sociale de certains matériaux (terre, bambou) limite leur diffusion, notamment dans les Antilles.
Mais ces obstacles sont surmontables, à condition de poser des bases solides : filières structurées, référentiels techniques localisés, ingénierie économique adaptée.
Une étude au service de la transformation des politiques publiques
L’intérêt stratégique de cette étude dépasse la seule technique. Elle s’inscrit dans la perspective de l’article L.228-4 du Code de l’environnement, qui imposera dès 2030 25 % de matériaux biosourcés ou bas carbone dans la commande publique.
Les Outre-mer, comme l’ensemble du territoire, devront s’y conformer. Pour cela, ils ont besoin d’un cadre clair, réaliste, et surtout construit à partir de leurs propres ressources.
L’étude du Cerema pourrait donc devenir un point d’appui décisif pour l’adaptation des seuils réglementaires, l’émergence de labels ultramarins, et le développement de modèles économiques viables pour les producteurs locaux.
Un appel aux acteurs du terrain : la donnée viendra de vous
Architectes, maîtres d’ouvrage, artisans, collectivités… Le Cerema a lancé un questionnaire national et mène des entretiens individuels pour récolter des retours concrets. Car aucune stratégie ne peut réussir sans la voix de ceux qui expérimentent déjà.
- Quels sont vos coûts ?
- Quelles sont vos contraintes assurantielles ?
- Quels projets ont fonctionné, ou échoué ?
- Quels matériaux pourraient être mieux valorisés localement ?
Ces retours permettront d’ajuster les futures politiques publiques sur des bases solides, en partant du réel.
Et maintenant ? Saisir l’opportunité de bâtir autrement
Chez STAR INVEST, nous sommes convaincus que la transition vers des matériaux locaux durables est à la fois une nécessité environnementale et une opportunité économique pour les Outre-mer :
- Création d’emplois dans les filières courtes
- Réduction de la dépendance aux importations
- Valorisation des savoir-faire traditionnels et des ressources locales
- Meilleure résilience climatique des bâtiments
Mais cette transition ne pourra se faire sans volonté politique, ni sans capacité d’investissement privée. C’est pourquoi nous appelons les acteurs économiques à anticiper cette mutation, à structurer les filières, et à s’associer aux démarches de normalisation en cours.
Vers une construction tropicale résiliente, économique et durable
L’étude du Cerema marque un tournant. Elle vient reconnaître que les modèles de construction métropolitains ne sont pas transposables tels quels dans les Outre-mer. Et qu’il est temps de donner aux territoires les moyens d’inventer leurs propres solutions.
Pour nous, cela signifie investir intelligemment, en misant sur l’innovation locale, la formation, la coordination des filières et la création de valeur sur place.
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