Promulguée en juin 2025, la loi Bélim marque une étape décisive pour l’habitat outre-mer et le secteur du BTP. Ce texte combine un encadrement expérimental des loyers et, surtout, une adaptation des réglementations de construction afin de réduire les coûts, favoriser l’usage des matériaux locaux et soutenir la production de logements dans les DROM et à Saint-Martin. Pour les professionnels comme pour les investisseurs, c’est un signal fort qui pourrait remodeler le marché dans les années à venir.

Pourquoi l’Outre-mer avait besoin d’une réglementation adaptée

Les territoires ultramarins font face à des réalités économiques et techniques très différentes de celles de l’Hexagone. Le coût de construction y est en moyenne 20 à 30 % plus élevé, en raison des frais de transport, de l’importation obligatoire de nombreux matériaux et de normes européennes parfois mal adaptées. À cela s’ajoutent des contraintes climatiques – humidité, cyclones, fortes chaleurs – qui exigent des produits et procédés spécifiques, souvent plus coûteux.

Jusqu’ici, la réglementation imposait le marquage CE sur la plupart des produits de construction, une procédure onéreuse pour les industriels locaux et qui freinait la mise sur le marché de matériaux pourtant adaptés aux conditions tropicales. La loi Bélim change la donne en reconnaissant la singularité des régions ultrapériphériques. Elle ouvre la voie à des dérogations ciblées et à des règles plus souples, tout en maintenant un niveau de sécurité et de qualité élevé.

Comment la réglementation évolue-t-elle pour les matériaux de construction dans les DROM ?

Le volet le plus prometteur de la loi concerne l’accès au marché des matériaux de construction locaux. Grâce à la création de comités référentiels construction, les territoires ultramarins pourront identifier les matériaux utilisables sans marquage CE, évaluer leurs performances techniques et définir des standards adaptés. Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) accompagnera ce processus pour garantir la fiabilité des produits.

Pour les producteurs de briques, parpaings, tuiles ou blocs béton implantés localement, cette évolution est une opportunité majeure :

  • Réduction des coûts d’homologation, jusque-là un frein à la compétitivité ;
  • Délais d’approvisionnement raccourcis, grâce à une production sur place ;
  • Moindre dépendance aux importations, particulièrement stratégique en cas de tension logistique ou de hausse du coût du transport maritime.

En encourageant l’utilisation de ressources locales, la loi Bélim favorise également une économie plus circulaire et durable, réduisant l’empreinte carbone liée à l’importation de matériaux. Pour le secteur du BTP, cela signifie des chantiers potentiellement moins coûteux, mais aussi une plus grande responsabilité dans le contrôle de la qualité et dans la formation des équipes à l’utilisation de nouveaux produits.

Opportunités et défis pour le secteur du BTP et les investisseurs

Pour les entreprises de construction et les acteurs de l’investissement, les perspectives sont réelles. La reconnaissance de matériaux locaux et l’assouplissement des normes créent un environnement plus favorable à l’innovation, à la production de logements et à la diversification des projets. Les coûts de construction pourraient être mieux maîtrisés, ce qui est crucial dans des territoires où la demande en habitat reste forte.

Cependant, plusieurs défis doivent être anticipés :

  • Mise en place des comités référentiels : leur efficacité dépendra de la rapidité de leur création et de la clarté des standards techniques.
  • Contrôle qualité : sans marquage CE, la crédibilité des matériaux reposera sur des tests et certifications locaux irréprochables, essentiels pour rassurer assureurs et acheteurs.
  • Adaptation des plans locaux de l’habitat (PLH) : les collectivités devront intégrer ces nouvelles possibilités dans leurs politiques de logement et soutenir les filières locales par des formations et des financements.

Pour STAR INVEST, ces évolutions représentent une opportunité stratégique. Participer à des projets qui valorisent les matériaux locaux, anticiper les nouvelles normes permettrait de renforcer la compétitivité tout en répondant aux attentes de durabilité et de souveraineté économique.

En s’attaquant à la fois au coût des matériaux et à la rigidité des normes, la loi Bélim offre un nouvel élan à la construction et à l’habitat outre-mer. Si la réussite dépendra de la rigueur des contrôles et de la mobilisation des acteurs locaux, le potentiel est considérable : stimuler l’économie, favoriser les filières locales et rendre les logements plus accessibles.
Pour le secteur du BTP et pour  STAR INVEST, il s’agit d’un moment clé pour innover, s’adapter et accompagner durablement le développement des territoires ultramarins.

Logement et habitat en outre-mer : ce que change la loi Bélim du 13 juin 2025

L’essentiel à destination des élis, des services de collectivités ultramarines  et de l’Etat.
Août 2025

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